Marcher...


Conversation entre l’alpiniste Reinhold Messner et Werner Herzog (en juin 1984), dans le film Gasherbrum : la montagne lumineuse (Gasherbrum — der leuchtende Berg), de Werner Herzog (1985) :


Messner : Parfois, j’ai envie d’arrêter l’escalade en montagne et j’imagine que je marche… pendant des dizaines d’années. Peut-être pour toujours, avec des yaks, quelques porteurs, d’une vallée himalayenne à une autre. À travers les forêts, les déserts, sans aller nulle part, sans regarder en arrière, sans regarder vers l’avant, en continuant de marcher jusqu’au bout du monde.
Herzog : C’est étrange, j’ai exactement le même rêve. Je voudrais avoir un chien, un husky avec deux sacs de cuir et juste marcher jusqu’à ce que je sois allé partout.
Messner : Oui, c’est passionnant et j’imagine que, de plus en plus dans les prochaines années, tôt ou tard dans ma vie, je ne regarderai plus en arrière. Et je n’irai nulle part en particulier, sans destination. Je marcherai jusqu’au bout du monde. Je ne sais pas s’il est rond ou plat, pour moi le monde ne finit jamais, à un certain moment, il… s’arrête. C’est cela, probablement, quand ma vie s’arrêtera, le monde fera de même. Nous pourrions chacun suivre les traces de l’autre.
Herzog : Je m’en réjouis d’avance.
Messner : L’escalade des montagnes n’est plus si importante pour moi. Surtout l’escalade. L’important, c’est de marcher, marcher, marcher...

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