Georges pour les intimes...

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La date 18 octobre 1974
L'heure : 15 h. 20
Le lieu : Fontaine Saint-Sulpice (café)
Plus tard, je suis allé au tabac Saint-Sulpice. Je suis monté, au premier, une salle triste, plutôt froide, occupée seulement par un quintette de bridgeurs dont quatre étaient en train de jouer trois trèfles . Je suis
redescendu m'installer à la table que j'avais occupé le matin. J'ai mangé une paire de saucisses en buvant un ballon de bourgueil .
J'ai revu des autobus , des taxis, des voitures particulières, des cars de touristes , des camions et des camionnettes , des vélos, des vélomoteurs , des vespas, des motos , un triporteur des postes , une moto-école, une auto-école, des élégantes , des vieux beaux, des vieux couples, des bandes d'enfants, des gens à sacs, à sacoches, à valises, à chiens , à pipes , à parapluies , à bedaines , des vieilles peaux , des vieux cons , des jeunes cons , des flaneurs, des livreurs, des renfrognés, des discoureurs . J'ai aussi vu Jean-Paul Aron , et le patron du restaurant « Les trois canettes » que j'avais déjà aperçu le matin.
Je suis maintenant à la Fontaine St-Sulpice, assis de telle façon que je tourne le dos à la place : les voitures et les gens que mon regard découvre viennent de la place ou s'apprêtent à la traverser (à l'exception de quelques piétons qui peuvent venir de la rue Bonaparte ) .
Plusieurs grands-mères gantées ont poussé des landaus ...

Georges Perec, "Tentative d'épuisement d'un lieu parisien".

Le texte intégral ici.

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